Histoire du palais épiscopal (la mairie actuelle )

Avant la construction du palais actuel

C'est vers 475 que le siège épiscopal fut transféré d’Alba à Viviers. Nous n'avons pas de précision sur la localisation des premiers siècles, mais on sait que les évêques demeurèrent près de la cathédrale jusqu’au XIVe siècle.

La première demeure des évêques existe toujours mais elle a subi un agrandissement. A l’origine ce n’était qu’une tour qui abritait une salle des gardes, la chambre de l’évêque, les archives et la prison. Après le XIVe siècle ils ne résidèrent plus à Viviers, mais dans leurs châteaux :  Largentière,  St Martin, Donzère, et surtout Bourg-St-Andéol ; ils  voyageaient beaucoup et séjournaient souvent à Avignon ou à Paris. 

Des peintures représentant l’aigle du « Saint Empire romain germanique » sont conservées dans l’ancienne chambre de l’évêque
Des peintures représentant l’aigle du « Saint Empire romain germanique » sont conservées dans l’ancienne chambre de l’évêque

Aussi, lorsqu’en 1723, François Renaud de Villeneuve fut désigné pour le siège de Viviers, le pape, dans ses « bulles », le pria de résider désormais dans sa ville épiscopale. Entre temps l’antique demeure avait trouvé, une nouvelle utilisation  

puisqu’elle abrita le premier séminaire en 1650.

La nouvelle demeure

La construction d’une nouvelle demeure s’imposait et, en 1730, l’évêque en demanda les plans au célèbre architecte Jean-Baptiste Franque. Pour en financer la construction l’évêque disposait de 20.000 livres, héritage de ses prédécesseurs. Il vendit le château de Largentière pour 44.500 livres ainsi que  des maisons de Viviers et de Bourg pour 17.400 livres.

En 1732, l’architecte écrivait à l’évêque : « le sol de la maison à bâtir se trouvera préparé dans cette semaine, la vigne et les arbres seront arrachés ». La première pierre fut posée en 1732 sur le terrain acquis en bordure du Rhône ; les pierres furent prises à la carrière de St Restitut et menées en charrette au port du Rhône dit de Robinet. C’est le maître maçon, Claude Projet, qui dirigea les travaux sur place. 

Mais voilà qu’un autre chantier débutait tout à côté, celui de la demeure de Pierre de Roqueplane, receveur des tailles du Vivarais. Ce qui ennuyait beaucoup l’évêque : «  Je ne trouve pas  mauvais que le bâtiment de M. de Roqueplane avance… mais il ne convient pas que ce soit au dépens du mien ! ».

Mgr de Villeneuve s’installa en 1737 dans son palais  qui ne fut terminé qu’en 1741, et encore ! L’aile droite qui devait contenir la chapelle, des bureaux et une serre, ne fut jamais achevée. Le corps du bâtiment donnant sur la cour d’honneur  abritait au rez de chaussée les pièces de réception, salons, salle à manger, salle de billard et bien 

sûr la fameuse « salle à l’italienne ». Au premier étage, les bureaux, cabinets de travail, chambres et la chapelle. 

Le rez- de- chaussée de l’aile gauche était réservée aux cuisines, office, resserres et à l’étage se trouvaient  les « galetas » des serviteurs. 

Si le palais épiscopal ne fut jamais achevé,  les jardins  furent bien créés. On y trouvait des bassins et des fontaines, une orangerie et une allée de cent soixante tilleuls conduisait à une glacière. L'alimentation en eau provenait de la source de Fombonne qui jaillissait dans la montagne et qui était canalisée jusqu'à l'évêché.

Après le décès de  Mgr Morel de Mons, ce fut Charles de la Font de Savine qui fut nommé à Viviers en 1779. Sa biographie le dépeint comme  « doué d'une intelligence exceptionnelle, bon,  généreux, instruit et lettré ». Mais en même temps il est taxé « d'instabilité d'esprit,  de légèreté et d'une piété capricieuse ». Une grande réception eut lieu dans le palais épiscopal pour son intronisation.

Le vote de la Constitution civile du clergé en 1790 instaura 83 départements avec leur évêché et la nomination des évêques fut soumise au vote des électeurs des diocèses et paroisses. A la suite de la nationalisation des biens de l'Eglise,  les ecclésiastiques devenaient des fonctionnaires de l'Etat qui leur versait un traitement. L'assemblée Constituante exigeait leur serment d'obéissance et ceux qui refusèrent devinrent réfractaires.

Mgr de Savine, épris des idées nouvelles, s'associa à la fête de la Fédération le 14 juillet 1790 en présidant la cérémonie qui regroupait la population, les gardes nationaux et des hommes de troupe sous le commandement du Maréchal des camps Jacques Mercoyrol de Beaulieu. Puis suivi de tous les vivarois il jura fidélité à la Nation. Il profita de sa charge de  président de l'Assemblée électorale de l'Ardèche pour couvrir la mise à l'abri des prêtres réfractaires.

En 1793 il déposa « aux pieds de la Patrie » tous ses ornements, vases d'argent, habits épiscopaux, crosse, mitre et croix en or. Il quitta l'évêché puis la ville. Il avait été prévu de faire plusieurs lots afin de vendre le palais épiscopal estimé à 79 845 livres mais impossible de partager en lots équivalents. On pensa en faire une maison de campagne ou une manufacture mais aucun acquéreur ne se présenta. Puis en 1801 arriva le Concordat signé entre le pape Pie VII et Napoléon Bonaparte qui abrogea la Constitution civile du clergé. Le nombre d 'évêchés fut réduit à 50 et les départements de Lozère et d'Ardèche regroupés sous la houlette de Mgr Chabot à Mende. L'évêché de Viviers n'existait plus.

Yvonne Leclère